Topper: du sang et de la sueur avant la transe ?
Le Club Bruges n’est plus qu’à 24 heures d’un titre terriblement attendu. Les Gazelles succéderaient alors à deux clubs aux jeux bien différents de celui pratiqué tout au long de la saison. Découvrez la chronique de la technicienne de surface.
- Publié le 14-05-2016 à 12h59
Le Club Bruges n’est plus qu’à 24 heures d’un titre terriblement attendu. Les Gazelles succéderaient alors à deux clubs aux jeux bien différents de celui pratiqué tout au long de la saison.
Laurens De Bock monte sur son flanc gauche. Il cède la balle à José Izquierdo, qui enfume Thomas Foket, pourtant loin d’être un grabataire. Le Colombien centre en retrait pour Hans Vanaken, bien esseulé dans la surface adverse, Matz Sels est battu. C’est but à la demi-heure, sur la première opportunité brugeoise du match. Clinique. Chirurgical. Létal même. En une action, Bruges a donné un exemple du foot qui est en train de le mener vers un titre de champion de Belgique qui lui tend les bras. Après le power foot anderlechtois en 2014 et la circulation à la gantoise l’an passé, c’est donc le réalisme brugeois qui est dans une position idéale pour asseoir sa domination sur le foot belge.
Ces dernières semaines, certains ont évoqué l’ADN bafoué du Sporting. Une sorte d’identité meurtrière et meurtrie qui fait gronder les travées du Parc Astrid alors que les Mauves sont toujours en course pour ceindre les lauriers belges pour la quatrième fois en cinq ans. C’est dire si la question est centrale. Du côté du Breydel, difficile d’être plus heureux. Non seulement le Club gagne, mais en plus, il le fait en proposant un football qui sied à son image : pragmatique et efficace. Non, le Club ne développe pas les arabesques circulatoires de Gand, mais on comprend où il veut en venir une fois monté sur la pelouse, avec ses ailiers incisifs et créatifs, ses latéraux offensifs, sa plaque tournante, son harceleur, son gestionnaire et sa solide base arrière. Le Club possède ce fameux fond de jeu. Celui imposé à la fois par MPH et par les circonstances. Celles qui veulent qu’il est désormais impossible d’attendre plus longtemps un sacre qui remonte à l’époque des Ceh, Englebert et autres Verheyen. Un autre temps, celui des premiers iPods shuffle, des années Chirac et où Madonna était encore un peu cool.
Le bleu et le noir
Pourtant, un regard sur le onze brugeois démontre qu’au-delà de cette image travailleuse et réaliste se cachent plusieurs cautions morales en matière de beau jeu. Leurs noms ? Hans Vanaken, de plus en plus transfiguré à mesure que les derniers souvenirs de Victor Vazquez s’effacent des mémoires. José Izquierdo, simple sprinteur inefficace devenu décisif en fin de saison. Ou encore Lior Refaelov, créateur d’espaces et parfois démiurge du jeu brugeois. Une triplette dont on a l’impression que même la sueur si chère au Club et à ses supporters sent bon.
Mais ce trio excelle également car derrière, les tâcherons sont là pour assurer le cachet plus physique du Club. Et si certains ont la gueule de l’emploi, comme un Ruud Vormer et sa trogne tout droit sortie des Promesses de l’Ombre, d’autres sont plus inattendus dans cette partition aux accents un poil moins sexy. On pense à Timmy Simons, qui endosse ici un rôle à contre-emploi. Sous Preud’homme, Timmy le gentleman, celui dont on vantait le fair-play à toute épreuve, est devenu aussi râleur que notre coloc maniaco-névrosé après un seul jour sans vaisselle. Une sorte d’Agassi à l’envers… Il fallait bien que quelqu’un se charge du sale boulot. Cela sera Tim le quasi quadra qui le fera. Pragmatique, on vous disait… Un mix un peu à l’image de son coach, adulé pour son talent de joueur, respecté mais aussi parfois détesté pour sa grandiloquence teintée de mauvaise foi sur le banc. Logique de voir son relais sur le terrain devenir une sorte de copycat…
"No sweat, no glory", dit la devise des Blauw en Zwart, comme pour ériger le travail en valeur cardinale d’un club qui a surtout dû faire preuve d’une autre vertu, la patience, ces dernières années. Jusque-là, c’était plus les larmes que la sueur qui avaient coulé sur les joues brugeoises. Mais gare à ce que celles-ci ne se transforment en sueurs froides au moment d’affronter Anderlecht, dernier rempart vers la gloire…